Pour mieux comprendre les phénomènes qui ont provoqué, en mai 2016, le débordement de la Retrève, rivière temporaire qui n’avait pas atteint la ville de Gidy depuis 1983, le BRGM a réalisé une étude détaillée de son bassin versant amont, en forêt d’Orléans. Basée sur une analyse des sols, des dépressions et des gouffres et du fonctionnement hydrologique du bassin versant, l’étude fournit des recommandations en vue d’améliorer la prévention et la prévision de phénomènes similaires.
7 novembre 2023
Carte des indices karstiques dans le bassin amont de la Retrève.

Carte des indices karstiques dans le bassin amont de la Retrève.

© BRGM

Le besoin

À compter du 30 mai 2016, et pendant plus d’une semaine, les communes du Nord d’Orléans ont subi des inondations exceptionnelles entraînant la coupure des axes routiers (dont l’A10), et de nombreux dégâts (notamment des effondrements). À la suite de ces évènements, le Conseil général de l'Environnement et du Développement durable (CGEDD) a recommandé la réalisation d’une étude hydraulique et hydrogéologique du bassin versant, avec pour objectif d’approfondir la connaissance de son fonctionnement hydrologique et notamment le rôle de ses gouffres et d’émettre des recommandations d’aménagement. Sous la direction des collectivités locales (Métropole d’Orléans, Communauté de communes de la Beauce Loirétaine, Communauté de communes de la Forêt), de COFIROUTE et de la DDT du Loiret, deux études ont été initiées, l’une réalisée par le BRGM pour l’étude physique du bassin versant en amont de Cercottes et l’autre par le CEREMA pour la modélisation hydraulique du risque de crue entre Cercottes et Bricy.

Les résultats

Située sur un substrat sablo argileux, la Retrève est mal connue et son fonctionnement mal compris. Contrairement aux idées reçues, ses débordements exceptionnels et peu fréquents (deux débordements jusqu’à Gidy dans les 50 dernières années) ne sont pas dus au fonctionnement karstique de la nappe de Beauce, mais bien au ruissellement de pluies exceptionnelles (l’intensité de celle du 30 mai 2016 était supérieure à celle de la pluie centennale) sur un sol déjà bien imbibé d’eau et peu perméable. C’est ce qu’a montré l’étude du BRGM notamment grâce à la réalisation d’une cartographie de l’aptitude des sols au ruissellement et à l’infiltration et d’une estimation des débits de la rivière à la sortie de la forêt d’Orléans pour différentes périodes de retour de précipitations. Ces débits constituent par ailleurs les données d’entrée du modèle hydraulique développé par le CEREMA.

En parallèle, compte tenu du rôle du karst dans le fonctionnement hydraulique du secteur, le BRGM a réalisé, de manière innovante, un inventaire des phénomènes karstiques, bien présents en forêt d’Orléans. L’interprétation du LIDAR (modèle numérique de terrain doté d’une précision altimétrique inférieure au mètre) a ainsi permis de dénombrer plus de 800 indices karstiques, dont près d’une centaine sont des gouffres vérifiés avec l’aide de spéléologues.

L’utilisation

Les résultats ont permis, d’une part, au CEREMA de construire un modèle hydraulique qui s’est intéressé à la révision des ouvrages de franchissement ou à l’impact des obstacles éventuels sur le parcours de la crue, et d’autre part à démontrer le rôle des gouffres absorbants dans l’écrêtage des crues. Les conclusions de l’étude fournissent des recommandations d’entretien et de suivi de ces gouffres, qui peuvent constituer des stations d’alerte en amont des zones sensibles.

Les partenaires

  • Métropole d’Orléans, Communauté de communes de la Beauce Loirétaine et Communauté de communes de la Forêt
  • COFIROUTE
  • DDT